Dans son message adressé aux artistes du monde en 1999, le pape Jean-Paul II a fait l'éloge de la beauté et du divin dans l'art. Il s'adressait à tous ceux "qui, avec un dévouement passionné, cherchent de nouvelles "épiphanies" de la beauté pour en faire don au monde dans la création artistique."
Le sculpteur Arno Breker décédait dans sa 91ème année, quelques huit ans avant que le pape ne s'adresse aux artistes à Rome. Mais nul doute que la pensée universelle de ce message peut s'appliquer à la vie et à l'œuvre de cet artiste allemand qui s'est efforcé toute sa vie de "sacraliser l'homme" et l'histoire de la création. Le souverain pontife polonais n'était d'ailleurs pas sans savoir que cette idée-même de divinisation de l'homme naquit durant une sombre période de l'Histoire du XXème siècle.
On peut ainsi affirmer que, dans son hommage à l'inspiration divine, le pape fait également référence à ce contexte : "Au seuil du troisième millénaire, je vous souhaite à tous, chers artistes, d'être touchés par ces inspirations créatrices avec une intensité particulière. Puisse la beauté que vous transmettrez aux générations de demain être telle qu'elle suscite en elles l'émerveillement ! Devant le caractère sacré de la vie et de l'être humain, devant les merveilles de l'univers, l'unique attitude adéquate est celle de l'émerveillement."
Avec du recul, on peut admettre avec certitude que si Breker avait vécu l'époque artistique chrétienne en Europe, il serait incontestablement devenu le "sculpteur des papes". Son immense créativité visionnaire et son talent artistique indéniable font de Breker un important trait d'union, entre l'antiquité et le temps présent, en matière de représentation de l'apparence humaine. Breker est une figure emblématique de l'histoire de l'art et il importe que peu qui décrie, le déteste, ou le diabolise politiquement.
L'attitude positive qui consiste à apprécier la beauté et l'harmonie se développant dès l'enfance pour la majorité des humains quel que soit leur milieu culturel, les alliés d'Arno Breker et amateurs de son art resteront des hommes qui sauront considérer son esthétique. Qui aime la beauté et cherche continuellement à faire le bien, participe en fin de compte au miracle perpétuel de la création.
La seule chose qui doit nous interpeller c'est l'œuvre ! La création artistique peut être résumée à la fois par l'essence et par la force spirituelle de l'artiste. Ayant été son contemporain, je peux parler de rencontres avec le maître : Arno Breker était un homme sympathique, intelligent et plein de tact, au charme francophile. Il suscitait la controverse, la jalousie et la cupidité. Il était à la fois tolérant et faisait preuve de recul, imperturbable dans sa quête pour l'art. Cette quête lui a permis de créer une œuvre qui nous étonne, nous émerveille, nous enthousiasme et nous impressionne profondément. Les amateurs d'art qualifient de "grande chance personnelle" le fait de développer cette sensibilité et de la préserver.
Préface du livre consacré à Arno Breker
par le Consul B. John Zavrel
Directeur du Musée d'Art Européen de New York
© PROMETHEUS 155/2010
PROMETHEUS, Internet Bulletin - News, Politics, Art and Science. Nr. 155, May 2010